Les nombreuses crises de ces cinq dernières années, ont mis en évidence les failles du système d’aide international. Ayant plié pendant longtemps, ce système est sur le point de rompre. Des acteurs de l’action humanitaire, dont Antonio Guterres, ont lancé en chœur : «nous avons aujourd’hui dépassé ce point de rupture (…). Avec la persistance des conflits, la multiplication des catastrophes environnementales et l’incapacité des États à assumer les services publics élémentaires, ce sont des millions de personnes qui se trouvent piégées dans les barbelées d’une crise sans fin. »*
Le raz-de-marée de misère
Depuis 2013, le HCR n’a jamais eu à traiter autant de misère humaine depuis sa création, le 14 décembre 1950. Près de 55 millions de personnes auraient été arrachées de leurs maisons du fait de conflits et persécutions. Sur le terrain, ces chiffres sont beaucoup plus élevés. En effet, chaque année qui passe, apporte un lot plus important de gens condamnés à un exil prolongé.
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Aujourd’hui, les urgences humanitaires sont débordées. A ce rythme, le monde deviendra un endroit où il sera de plus en plus difficile de vivre, surtout pour des millions de personnes qui ont déjà presque tout perdu.
Dans les pays voisins de la Syrie, la situation des réfugiés a pris une dimension au-delà du concevable. Les communautés d’accueil et les services publics sont à genoux face à un afflux incessant de gens. Plus d’un quart de la population du Liban – un petit pays, en proie à ses propres difficultés internes – est maintenant syrien. En Jordanie et en Turquie, les populations locales sont dans une ruine financière, d’autant que les loyers et les prix montent en flèche alors le chômage bat son plein.