Le besoin d’argent de Clark, et peut-être son besoin de preuve de sa légitimité, signifiait qu’il avait besoin des sessions d’enregistrement autant que les sessions avaient besoin de lui.
En 1962, Clark était sur le siège passager d’une voiture conduite par le bassiste Jimmy Stevenson. La femme de Stevenson, Sandy, était à l’arrière. Cette dernière a rapporté : « Nous avons été arrêtés sans raison, mais ils (les policiers) ont trouvé de la marijuana dans la voiture (…). Lorsque la police a demandé à Sonny sa carte d’identité, il n’en avait pas. Il est entré dans le coffre de la voiture et a montré à la police un de ses disques avec sa photo en couverture. »
La lumière
Après avoir dysséqué les performances pianistiques de Sonny Clark, la conviction qu’il devrait être bien mieux connu du public du jazz est saisissante. Même pour ses admirateurs, il apparait plus facilement aimé que compris.
L’obscurité dans laquelle Sonny Clark semble innexorablement plongé a plusieurs causes : sa lutte – perdue d’avance- contre la dépendance à l’héroïne ; sa mort précoce, décédé en 1963 à l’âge de 31 ans ; son deuille inassouvi …
Mais une image plus complète du pianiste commence à se dessiner, et elle ne sera améliorée que par la réédition remastérisée de ses œuvres majeures. A cet égard, il faut saluer la nouvelle vie donnée aux sessions de 1960. Le mastering de la nouvelle version, par David Donnelly, est profondément éclairant. Il en va de même des notes de pochette, de Ben Ratliff, qui s’ouvre sur cette déclaration ; « Sonny Clark Trio est l’un des albums les plus exquis du jazz : typique, discret, extraordinaire, confiant et légèrement vulnérable, en quelque sorte beaucoup plus spécial que je ne le pensais. »