Dans un monde où la popularité est l’un des critères de réussite par excellence, un solitaire est forcément suspect ou malheureux. Il faut sortir de la solitude pour ne pas être mal jugé par les autres.
Pourtant, savoir se contenter de sa propre compagnie, être avec soi-même, peut être une source de richesse intérieure nécessaire à la connaissance de soi et des autres.
Voici quelques recettes pour y parvenir.
L’estime de soi
Dans son livre intitulé, « La Positive Solitude » (éd. Jouvences), le psychothérapeute, Hervé Magnin, met en relief la différence entre l’isolement, qui serait pour lui la version subie de la solitude et la faculté d’être seul sans ressentir instantanément de la tristesse ou de l’angoisse. L’auteur souligne dans son livre que pour parvenir à positiver la solitude, « il faut avoir une certaine estime de soi »: « Il faut s’entendre avec soi-même, se satisfaire de sa propre compagnie, ce n’est pas toujours facile, cela peut nécessiter un travail sur soi. » « Il faut avoir un regard indulgent et bienveillant sur sa solitude. Travailler à accepter (car on ne sait pas combien de temps cela durera) ce temps de vie sans conjoint, sans amoureux.
Le plaisir solitaire
Il faut aussi, poursuit Hervé Magnin, s’affranchir de la culpabilité souvent infligée par une société ayant tendance à trouver suspecte la capacité à prendre du plaisir seul. Il n’y a qu’à voir la perception que l’on a de « l’expression ‘plaisir solitaire’, qui renvoie directement à la masturbation. Une pratique taboue dans notre société, même aujourd’hui ». S’adonner seul trop souvent à des activités est encore parfois jugé comme une forme d’égocentrisme.
« Pourtant, insiste Hervé Magnin, s’il n’y a pas de ‘recettes toutes faites’ pour positiver la solitude, le maître mot est bien celui-ci: le plaisir. Cela peut passer par l’écriture, la marche en forêt, le voyage, un film, le dessin ou la masturbation. Peu importe tant qu’il y a de l’agrément. »
Être seul(e) est une source d’énergie, une façon de se ressourcer. Être seul(e) pour se lever tôt, quand tout le monde dort encore et profiter du silence, du chant des oiseaux… Pour lire, méditer, faire du sport. Aller au cinéma au sport seul est un plaisir dans certaines situations. La solitude peut être un formidable moyen de mieux se connaître.
Le choix des amis
L’autre bénéfice à retirer d’une solitude bien vécue, selon Hervé Magnin, réside dans le fait qu’elle permet de « choisir » les moments où l’on va vers l’autre et de choisir également cet autre. « Par peur d’être seul, on accepte souvent de s’entourer de personnes avec lesquelles finalement on se sent malgré tout seul. Ne plus redouter de ne pas être constamment entouré offre cela, la liberté d’aller vers ceux qui nous apportent quelque chose. »
« A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s’en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l’individu solitaire ne se croit pas obligé d’aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l’ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu’il est en accord avec ce qu’il fait », écrit Jacqueline Kelen dans son ouvrage L’esprit de solitude (éd. Albin Michel). « Beaucoup s’imaginent que l’amour va mettre fin à leur solitude, alors que c’est la solitude qui permet l’éclosion et la durée de l’amour. » écrit encore Jacqueline Kelen
Le blues
Nul besoin d’être célibataire pour goûter la solitude. Mais c’est très facile d’apprécier sa solitude lorsqu’elle est une parenthèse, un moment pour soi dans une vie de famille et de couple ‘traditionnelle’.
C’est lorsque la solitude devient un mode de vie (célibat principalement et/ou garde alternée en sus) qu’il devient fondamental (et difficile) de la transformer en une expérience riche. Un vrai challenge, très compliqué dans notre société où le couple reste la référence.
Il ne faut pas se voiler la face : C’est difficile de vivre seul, avec cette impression permanente de manque, d’absence de quelque chose. Le plus douloureux, ce sont les périodes de fêtes, les anniversaires, tous ces moments que l’on préférerait célébrer à plusieurs.
Pour positiver la solitude, il faut peut-être avant tout en accepter ses corollaires: les moments de blues et de peur. On ne peut pas y échapper. Multiplier des activités, oui, mais trop en faire est aussi une fuite en avant.
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