Cette période a vu plusieurs avancées majeures dans la technique de l’enregistrement discographique, notamment l’introduction du son stéréophonique, l’enregistrement multi-pistes et le passage de l’analogique au numérique. Van Gelder a tout brassé, bien que ses clients aient été souvent résistants à ces nouvelles méthodes d’enregistrement.
L’ère du numérique
En 1989, le studio d’Englewood Cliff devînt entièrement numérique. «Vous ne devrez plus jamais enregistrer de nouveau analogique », a été son nouvel ordre de bataille. À partir de 1998, Van Gelder s’est personnellement impliqué dans la nouvelle édition numérique 24 bits des albums réalisés sous le label Blue Note. Grâce à ce nouvel équipement, il est maintenant possible, d’une part, de détecter des réglages délicats réalisés par Van Gelder pour parvenir à un équilibre sonore et, d’autre part, d’apprécier la précision du mélange entre l’intimité et l’espace dans lequel la musique se déploie.
En dépit de ces avancés, les applaudissements pour les méthodes de Van Gelder n’étaient pas unanimes. En effet, l’ingénieur a été parfois critiqué en raison des « réverbérations » utilisées pour donner un corps supplémentaire à la tonalité des solistes. Par exemple, le bassiste, compositeur et chef d’orchestre, Charles Mingus, a refusé de travailler avec Van Gelder parce que, selon lui, « il change les sons des gens ».
Mais les voix dissidentes restent minoritaires. En 2009, Van Gelder a été élu meilleur ingénieur du son par l’Audio Engineering Society of America. En 2012, il a reçu le Prix du Grammy Trustees pour l’ensemble de son œuvre.