Le nom de Van Gelder s’est répandu rapidement parmi la communauté du jazz de la côte Est. Tant et si bien qu’au milieu des années 1950, il enregistrait non seulement la majeure partie de la production de Blue Note, mais aussi celle des firmes concurrentes, comme Prestige et d’autres labels spécialisés. Rudy Van Gelder utilisa une chambre de la maison de ses parents, vendeurs de vêtements pour femmes, pour enregistrer des disques aujourd’hui légendaires. Concomitamment, il pratiquait la profession d’optométriste jusqu’en 1954: «J’examinais des yeux le lundi et faisais de l’enregistrement de Miles Davis le mercredi», dit-il. Parmi les autres personnalités qui ont enregistré dans le studio vétuste installé dans la maison familiale, sise à Hackensack, on peut citer Thelonious Monk, Sonny Rollins, Milt Jackson, Paul Chambers, John Coltrane et J J Johnson.
Un professionnel obstiné
En 1959, Van Gelder a finalement mis en place son propre studio spécialement équipé à Englewood Cliffs, une ville situé à sept kilomètres de la maison familiale. Tout en respectant son savoir-faire, beaucoup de musiciens ont ironisé sur l’extrême délicatesse de Van Gelder : ne pas fumer dans les locaux, pas de nourriture ou de boisson dans le studio, interdiction absolue de toucher un microphone (lui-même portait toujours des gants lors de la manipulation du matériel). Sa rigueur sur les questions techniques est devenue une légende, autant que ses enregistrements.
En plus de Blue Note, la liste des sociétés qui ont loué le studio d’enregistrement d’Englewood Cliffs, sur plus de cinq décennies, est longue : Verve, Riverside, Impulse, Prestige, GRP, Muse, Vox….