Pendant la maladie jusqu’à la mort de Beau, la vie de Biden fut une succession de scènes surréalistes. Une minute, il était assis au chevet de son fils à l’hôpital; le lendemain, il était dans une salle aménagée à proximité, pour parler avec le Premier ministre irakien. La charge de la fonction publique l’amena à contenir ses émotions devant les caméras. Mais ces sentiments ressurgissaient sans cesse. Par exemple, le 29 mars 2015, à bord d’Air Force, il écrit qu’il se sentait « porté et plein d’espoir ». Quelques heures plus tard, à l’atterrissage, il écrit à 06:07 « Je me sens si seul ». Ces éclairs de vulnérabilité font partie de ce qui rend le texte de Joe Biden particulièrement attrayant.
A travers « Promets-moi, papa », Biden partage des astuces qu’il a apprises sur la façon de supporter et de survivre aux premiers jours d’un deuil.
Résurrection
« Promets-moi, papa » n’est-il pas secrètement un livre de pré-campagne électorale? La façon dont Joe Biden raconte et insiste sur ses belles réalisations personnelles et son expertise politique montre qu’il envisagerait sérieusement de prendre part à la course de 2020 pour la maison blanche.
Comme l’écrit Biden, 2015 fut l’année du paradoxe. Après la mort et la promesse de son fils, il fit face à une pression énorme dans sa propre famille pour se présenter à la présidence, pour l’amour de Beau. Mais en dehors de sa famille et garde rapprochée, peu de gens crurent qu’il puisse être capable de gérer les tensions d’une campagne nationale. Pourtant, c’est à ce moment-là que plusieurs de ses anciens collègues sénateurs le pressèrent de se jeter dans la course présidentielle. C’est à ce moment-là que George Clooney lui proposa ses services pour recueillir des fonds.
Et puis Hillary Clinton réalisa l’impossible défaite, même dans beaucoup d’États où Biden semblait bien placé pour l’emporter. Barack Obama avait découragé Biden de faire le saut à la faveur d’un « deal » avec Hillary Clinton. Les regrets de Joe Biden sont d’autant plus fondés qu’il n’eut aucune chance de concourir.