Euphorie ? Inspiration ? Pourquoi le simple fait de mettre un pied devant l’autre procure-t-il des sensations aussi puissantes ? C’est d’abord le caractère désintéressé et marginal de la démarche, une «activité non rentable» s’opposant aux valeurs des sociétés contemporaines.
Marcher équivaut à s’extraire tout à la fois de l’agitation du monde et de l’immobilisme. Ce moment de solitude hors du monde est un moment rare pour les hommes actifs et trop pressés d’aujourd’hui. Grâce à la marche les hommes se maintiennent en mouvement et, paradoxalement, c’est quand ils avancent que le temps s’arrête.
La sagesse
La marche crée une sorte d’osmose avec la nature qui agit sur le corps et sur la pensée. Pendant la marche on devient à la fois végétal, minéral et animal. Il ne faudrait pourtant pas oublier l’effort que s’inflige le marcheur, la brûlure des ampoules, les douleurs quand le chemin se prolonge, parfois parce que l’on s’est perdu… Mais qu’il s’agisse de gravir un sommet, ou d’atteindre un lieu que l’on s’est fixé pour l’hébergement du soir, la récompense est au rendez-vous dans un sentiment de «plénitude de se sentir exister».
Si marcher vide la tête, débarrasse des pensées parasites occasionnées par les soucis du quotidien, l’esprit se remplit d’une autre consistance. Au-delà d’un loisir simple et harmonieux, la marche devient alors une sorte de méditation, une forme de sagesse : « Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose », affirmait Nietzsche.
Préconisée par les médecins et les plans de santé publique, la marche possède en outre des vertus qui répondent aux injonctions des sociétés modernes : écologique (pas d’émissions de CO2), économique (peu de matériel), elle s’inscrit dans un tourisme vert qui a le vent en poupe.