Le pèlerinage à la Mecque, composé de quatre étapes, ne dure que cinq jours, mais constitue un moment important dans l’économie saoudienne. C’est ce que montre un documentaire produit par la chaine « France5 », qui nous plonge dans l’ambiance d’un pèlerinage qui rapporte.
Trois milliards de musulmans
D’ici à 2050, la population musulmane devrait passer de 1,3 à 2,5 milliards de personnes. L’Arabie saoudite l’a bien compris. Le documentaire suit donc cet impressionnant phénomène religieux et économique. Sous une chaleur de plomb, la foule compacte s’ébranle pour rejoindre le mont Arafat, sur lequel les fidèles prient et psalmodient. Cette première étape donne le ton de ce voyage communautaire. Une expérience de patience et de dénuement. A Muzdalifah, les pèlerins dorment en plein air. Mohammed Al-Amoudi est à la tête de l’un des deux restaurants qui, en une seule journée, distribuent gratuitement des millions de repas. L’homme a fait fortune dans la finance internationale et remplit ici l’un des devoirs de tout musulman : l’aumône. Dans le royaume saoudien, où la TVA n’existe pas, la zakât est une contribution obligatoire calculée en fonction des bénéfices. Ce multimilliardaire offre pour plus de 20 millions d’euros en repas, vêtements, couvertures. Arrivés à Mina, hommes et femmes accomplissent le rite de la lapidation des stèles. Chaque minute, 6 000 croyants défilent devant elles. Le site est placé sous haute surveillance. La sécurité est aussi une façon d’assurer le business. Dans l’une des 44 000 tentes installées pour l’occasion, on retrouve Hassan Attout, médecin bordelais qui, avec sa femme, a franchi le pas. Malgré la formule à 3 500 euros par personne, il reste logé à peu près à la même enseigne que les autres pèlerins.
« Frénésie commerciale »
Après de longues heures de bus pour rejoindre La Mecque, l’ultime étape, il pourra enfin partager avec trois autres pèlerins une chambre dans un hôtel cinq étoiles. Au centre de la Grande Mosquée, les pèlerins tournent sept fois autour de la Kaaba, qui abrite la Pierre noire, relique sacrée de l’islam. La Mecque, c’est aussi le point culminant du business. Chaque hôtel possède son centre commercial où l’on dépense sans compter. Déjà au temps du prophète Mahomet, la ville était un carrefour commercial pour troquer, acheter, vendre. Aujourd’hui, rien n’a changé. Pendant la semaine du pèlerinage, les commerçants réalisent presque la moitié de leur chiffre d’affaires annuel. Vendeurs et acheteurs parlent sans tabou de ce tourisme religieux. Cette frénésie ne s’arrête que le temps des prières. Projets immobiliers luxueux, commerces, la ville est un vaste chantier. 40 milliards d’euros ont été débloqués pour la développer et la désenclaver. Au pied de l’immense hôtel en construction, Abderahmane Belgat, directeur général du groupe Accor en Arabie saoudite et au Soudan, déclare : « Ce qui est fabuleux, c’est que c’est un gros business qui est fait avec un grand respect du religieux. » Ici, le mètre carré constructible est le plus cher au monde : 120 000 à 150 000 euros. Au cœur de ce marché juteux, le groupe Ben Laden, l’un des plus gros entrepreneurs du Moyen-Orient qui, depuis le 11 septembre 2001, ne s’exprime plus que par son porte-parole : « Ce n’est pas pour l’argent que nous faisons cela, mais bien pour tous les pèlerins et tous les musulmans du monde entier. »
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