L’effet limité
L’article constate que les avantages cardiovasculaires que procure une consommation modérée d’alcool sont très modestes, en particulier chez les femmes, du fait de la force de nuisance multiforme de l’alcool sur la santé. « Lorsque vous considérez des risques, tels que le cancer du sein et les accidents de la route, l’effet protecteur de l’alcool disparaît, même à faible dose», a déclaré le professeur Emmanuela Gakidou, co-auteure de cette nouvelle étude.
D’autres experts sont récemment parvenus à des conclusions similaires. Deux mois plus tôt, par exemple, le Fonds mondial de recherche sur le cancer a publié un rapport selon lequel, du moins en termes de prévention du cancer, «il vaut mieux ne pas boire d’alcool».
Le gouvernement du Royaume-Uni a formulé une recommandation similaire en 2016.
Les études antérieures soutenant que la consommation modérée est bonne pour la santé cardiaque, dans leur majorité, n’ont pas tenu compte du fait que de nombreuses personnes qui ne boivent pas s’abstiennent, soit parce qu’elles ont des problèmes de toxicomanie par le passé, soit parce qu’elles ont d’autres problèmes de santé. Par conséquent, l’inclusion de ces personnes dans la population générale non consommatrice de boissons peut avoir faussé les résultats de la recherche, donnant l’impression que tout ce monde était plus en bonne santé qu’ils ne l’eussent été réellement.
La controverse
Walter Willett, professeur de nutrition et d’épidémiologie à la « Harvard T.H ». et La » Chan School of Public Health » a dénoncé cette nouvelle étude pour son caractère général et absolu. Selon lui, bien qu’il soit « incontestable » qu’une consommation abusive d’alcool soit nocive, de nombreuses données corroborent les liens entre une consommation modérée et une mortalité totale plus faible et une diminution du risque de maladie cardiaque ». Et d’ajouter : « Quand on rassemble tout dans un grand pot et qu’on tire des conclusions pour le monde entier, c’est trompeur. »
Willett reconnaît que même une consommation modérée n’est pas sans risque. Un verre par jour peut réduire le risque de maladie cardiaque chez la femme, mais augmenter son risque de cancer du sein. Pour une femme jeune et en bonne santé qui ne risque pas de mourir d’une maladie cardiaque, ces risques pourraient dépasser les avantages. Mais c’est une décision que la femme devrait prendre avec son médecin. Il est peu probable que toute la population parvienne à la même conclusion.