David Lagercrantz, journaliste et écrivain suédois, a accompagné le footballeur Zlatan Ibrahimovic dans un long voyage introspectif. Des recoins les plus sombres de son enfance jusqu’aux années de gloire. A défaut de révélations fracassantes sur les mœurs du foot, « Moi, Zlatan Ibrahimovic », best-seller absolu en Suède (700 000 exemplaires vendus, soit 7% de la population suédoise), propose un récit autobiographique haut en couleur, sincère et parfois émouvant. A l’occasion de la sortie de la version française de ce bouquin, appelé à battre d’autres recors de ventes, l’auteur (Lagercrantz) et l’artiste (Ibrahimovic) ont apporté quelques éclairages pour mieux vivre et comprendre cette aventure« Zlatanesque » (« acrobatique »).
Un Rêve Américain en Suède.
Pour David Lagercrantz, la vie de Zlatan Ibrahimovic, « est une sorte de rêve américain : le jeune issu de l’immigration qui sort d’une banlieue difficile pour devenir une star. Ce récit n’existait pas dans la littérature suédoise. Notre contre-modèle, c’était l’autobiographie de David Beckham, « Learning to Fly » (« Apprendre à voler »), sortie le 13 septembre 2001, lisse et ennuyeuse. Avec Zlatan, il était convenu d’être le plus vrai possible et de ne pas magnifier la réalité. Mais cet objectif n’était pas simple à atteindre. Notamment dans les chapitres consacrés à l’enfance. Il a fallu raser bien des murs pour que Zlatan se décide à raconter les moments importants et difficiles de cette période de sa vie. Quand je lui ai demandé de se pencher sur son passé, c’était quelque chose de très nouveau et de très déstabilisant pour lui. En effet, plusieurs épisodes de son enfance ont laissé des traces profondes chez lui. Sa mère le frappait avec une cuillère en bois et parfois elle frappait tellement fort que la cuillère se cassait. Le comble, c’est qu’elle lui demandait alors d’aller en racheter une autre comme si c’était de sa faute… Il se souvient aussi que, chez son père, le frigo était souvent vide. Il n’y avait que des cannettes de bière. Ce n’est pas anecdotique. Aujourd’hui encore, avoir un frigo parfaitement garni est quelque chose de très important pour lui. Cela le rassure. Par ailleurs, le sentiment d’exclusion qu’il a vécu dans son adolescence en arrivant à Malmö FF, le club des classes moyennes de la ville, le poursuit encore. A Barcelone, à tort ou à raison, il s’est senti exclu de la même manière. Cela a réveillé en lui une colère très ancienne. »
Zlatan Ibrahimovic n’est pas un personnage de roman
Le joueur et artiste, Zlatan Ibrahimovic, lui, revendique sa particularité. « Non, non, insiste-t-il, je ne suis pas un personnage qui a déjà existé dans l’histoire ou dans un roman. Je ne suis que moi-même. Depuis le premier jour, je suis Zlatan. Jusqu’au dernier, je ne changerai pas. Même si je signe de gros contrats ou marque beaucoup de buts, je reste moi-même. Mais j’ai travaillé pour devenir ce que je suis. Cela n’a pas été facile même si cela a été assez rapide et que je m’en suis bien sorti. Tout le monde ne peut pas devenir Zlatan ou un joueur de football professionnel mais chacun doit croire en ce qu’il veut devenir : journaliste, joueur de hockey sur glace ou écrivain…. Même de là où je viens, il y a des possibilités de réussir. Pourtant, la mentalité suédoise ne va pas forcément avec. Devenir un personnage incroyable, de renom, n’a pas d’importance.