Symbole de la rancune des « parvenus » contre l’arrogance des déchus ou du sentiment malveillant contre les riches, l’impôt sur la fortune, les hauts revenus ou la consommation de luxe n’est pas une nouveauté dans l’histoire des finances des nations. En période de crise et d’austérité, l’idée de frapper le luxe et le superflu revient au galop, à travers des formes aussi tapageuses que variées.

La volonté affichée par les nouveaux dirigeants de frappé le plaisir plus que le nécessaire, d’atteindre les riches plus que les pauvres est, en soit, louable. Mais, ce qu’il faut craindre, c’est qu’une telle démarche prenne le caractère d’une hostilité systématique contre le luxe et la fortune.

De fait, la fiscalité du luxe est un régime difficile à cerner, comme le témoigne ce texte de Pierre-Joseph Proudhon paru en 1846 mais encore d’actualité.

Extraits:

« Vous voulez frapper les objets de luxe : vous prenez la civilisation à rebours. Les objets de luxe doivent être francs. Quels sont, en langage économique, les produits de luxe? Ceux dont la proportion dans la richesse totale est la plus faible, ceux qui viennent les derniers dans la série industrielle, et dont la création suppose la préexistence de tous les autres. A ce point de vue, tous les produits du travail humain ont été, et tour à tour ont cessé d’être des objets de luxe, puisque, par le luxe, nous n’entendons autre chose qu’un rapport de postériorité, soit chronologique, soit commercial, dans les éléments de la richesse.

Luxe, en un mot, est synonyme de progrès ; c’est, à chaque instant de la vie sociale, l’expression du maximum de bien-être réalisé par le travail, et auquel il est du droit comme de la destinée de tous de parvenir.