Même entre gens bien élevés, la vie collective offre de fréquentes occasions de se gêner mutuellement. Le code de la politesse exige alors qu’on « répare » le préjudice subi.
Lorsque celui-ci est matériel, la réparation peut l’être aussi: on remplace le livre qu’on a corné; on s’offre à détacher la cravate qu’on a éclaboussée de sauce…
Malheureusement, dans la plupart des cas, le préjudice est matériellement irréparable (lorsqu’on écrase le pied de quelqu’un, la douleur est là sans qu’on puisse rien) ou bien il s’apparente à une « offense »: une gaffe qu’on n’a pu retenir, un rendez-vous que l’on a oublié… la réparation éventuelle ne peut plus être que symbolique. Elle prend alors une forme spécifique qui consiste à « présenter ses excuses« .
Présentation
L’excuse s’utilise à tout propos et en toutes circonstances: qu’on ait agi par inadvertance ou par malignité; qu’on ait humilié quelqu’un ou qu’on l’ait simplement frôlé dans la foule.
On peut aussi s’en servir de façon préventive lorsque l’offense semble inévitable. Comme lorsqu’on se voit dans l’obligation de déranger quelqu’un: lui téléphoner un peu tard, le faire lever pour respecter un rendez-vous ou mobiliser sa secrétaire…
Cependant, l’acte réparateur ne peut être accompli de la seule volonté de l’offenseur (qui n’a pas pourvoir de « s’excuser » lui-même) et requiert la collaboration de la victime qui seule peut accorder son « absolution ». C’est pourquoi on lui « présente » des excuses que, selon l’usage, elle se doit d’accepter.