La résistance aux antibiotiques a ouvert une nouvelle crise aussi (sinon plus) grave que l’épidémie du sida des années 1980, selon un rapport de l’OMS. La réalité des bactéries qui échappent aux médicaments signifie qu’il est désormais possible de mourir d’une une simple égratignure ou d’une infection des voies urinaires. Cette propagation à travers le monde des super-bactéries mortelles, qui échappent même aux antibiotiques les plus puissants, a été confirmée par plusieurs responsables des Nations unies.
L’ère post-antibiotique
La résistance aux antibiotiques peut affecter n’importe qui, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays, a dit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), démembrement de l’ONU, dans un rapport en date du 30 avril 2014. Cela constitue une menace majeure pour la santé publique, avec « des conséquences dévastatrices» selon les termes dudit rapport. «Le monde se dirige vers une ère post- antibiotique, dans lequel les infections courantes et les blessures mineures qui, facilement traitables pendant des décennies, peuvent à nouveau tuer », a déclaré Keiji Fukuda, Directeur Général Adjoint de l’OMS pour la sécurité sanitaire.
Déjà dans son premier rapport mondial sur la résistance aux antibiotiques, établi sur la base de données provenant de 114 pays, l’OMS avait déclaré que des super-bactéries capables de se soustraire à l’emprise des antibiotiques les plus efficaces – de la classe des carbapénèmes – ont été découvertes dans toutes les régions du monde.
L’abus d’antibiotique
La résistance aux médicaments est consécutive à l’utilisation abusive et excessive d’antibiotiques, qui encourage les bactéries à développer de nouveaux moyens de survie. Seule une poignée de nouveaux antibiotiques ont été développés et mis sur le marché au cours des dernières décennies. C’est donc une course contre la montre qui s’est engagée contre le foisonnement de l’arsenal des super-bactéries dont la résistance semble désormais infaillible.
La super-bactérie la plus connue demeure le SARM qui, à elle seule, tuerait environ 19.000 personnes chaque année aux États-Unis – donc beaucoup plus que le VIH et le sida – et un nombre similaire en Europe.
L’inefficacité des médicaments
Selon l’OMS, dans certains pays, en raison de la résistance, les carbapénèmes ne produisent aucun effet chez la moitié des personnes atteintes d’infections nosocomiales causées par une bactérie appelée K. pneumoniae, telles que la pneumonie, les infections du sang, les infections chez les bébés nouveau-nés et les patients en soins intensifs. Il a été aussi constaté la résistance à l’un des antibiotiques les plus couramment utilisés pour traiter les infections des voies urinaires faisant partie de la famille des médicaments appelés fluoroquinolones. Pourtant, la résistance à ces médicaments introduits sur le marché dans les années 1980 était jusqu’alors pratiquement nulle.
Selon le rapport de l’OMS, actuellement, il y a des pays dans de nombreuses régions du monde où les médicaments sont inefficaces chez plus de la moitié des patients. C’est ce qui a poussé le Dr Fukuda à déclarer que : « Si nous ne prenons pas des mesures importantes pour améliorer les efforts de prévention des infections et aussi changer la façon dont nous produisons, utilisons et prescrivons des antibiotiques, le monde va perdre l’utilité de la majorité des produits de santé publique et les conséquences seront dévastatrices ! »
Il est donc temps de mettre en place un dispositif sanitaire semblable à celui qui a été mis en place dans les années 1980 pour contrer l’avancée du Sida. En claire, pour vaincre la résistance aux médicaments, il faudra une volonté politique, l’engagement de toutes les parties prenantes et des investissements considérables dans les programmes de recherche, de surveillance et d’intendance.
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