Jean-Paul, qui a dirigé l’Eglise catholique romaine de 1978 jusqu’à sa mort le 02 avril 2005, a été canonisé le 27 avril 2014. Il reste pour de nombreux catholiques un Modèle de robustesse en matière de  foi et d’engagement au service de Dieu.

Cependant, la publication de ses journaux intimes pourrait ébranler cette image. En effet, des documents personnels, rendus publiques le 07 février 2014, montrent que Jean-Paul II a passé plusieurs décennies de son pontificat à se demander constamment s’il était digne de ses charges. Ses notes manuscrites, publiées sous le titre de «Jean-Paul II: Je suis bien dans les mains de Dieu. Les notes personnelles 1962-2003 », montre un homme qui n’a jamais été complaisant, malgré la grandeur de la popularité et son statut de « Premier » parmi  ses pairs.

«Jésus, aides-moi!»

Bien qu’il ait joué un rôle public très actif pendant l’ère communiste en Pologne et en tant que pape, l’homme, né Karol Wojtyla dans le sud de la Pologne en 1920, mentionne rarement des événements publics ayant marqué sa jeunesse. Dans une note datant de l’année 1981, le cardinal Wojtyla lance une discussion théologique avec d’autres religieux et demande: «La parole de l’Éternel. Est-ce que j’aime la parole de Dieu? Est-ce que je m’en inspire? Est-ce que je la sers suffisamment ? Aides-moi, Seigneur, à vivre ta parole(…) Est-ce que je sers le Saint-Esprit qui vit dans l’Église ?» Dans le même passage, il a écrit, en alternance entre le latin et sa langue polonaise maternelle: « Un pur saint et immaculée sacrifice ». Puis, il exige de ses prêtres non seulement qu’ils aient un cœur sans partage (célibataire) mais aussi qu’ils respectent la pureté sacerdotale. «Jésus, aides-moi!», écrit-il plus loin.

vie privée spirituelle

Avant sa mort, Jean-Paul a confié son journal à l’archevêque Stanislaw Dziwisz, son secrétaire particulier qui est aujourd’hui cardinal dans la ville méridionale de Cracovie, avec des instructions fermes : que le manuscrit soit brûlé. Mais, dans la préface du livre, Dziwisz affirme n’avoir pas respecté cette recommandation, parce que ces notes renferment la clé de la compréhension de la vie privée spirituelle du pape. «Ils révèlent l’autre côté du personnage que nous connaissions comme étant… Le Pasteur de l’Eglise universelle », écrit le cardinal, qui a été à la fois loué et critiqué dans les milieux catholiques polonais après l’annonce de la publication du livre le mois précédent.

Amour de Dieu

Maintenant disponible uniquement, pour l’instant, en version originale (polonaise), le livre de 638 pages est dominé par des réflexions théologiques profondes qui révèlent, finalement, peu de chose sur les actions du pape au moment où il l’écrivait. L’image qui émerge de cet assemblage de notes n’est pas un témoignage public, contrairement aux journaux posthumes de Mère Teresa – décédé en 1997 et béatifiée par Jean-Paul en 2003 – qui a révélé ses longues périodes de doute sur l’existence même de Dieu. En effet, en dépit de la remise en question de son propre rôle, il n’y a aucun signe, dans les journaux de 1962 à 2003, que la conviction en Dieu de Jean-Paul II ait vacillé, à un moment ou à un autre. Les premiers signes de sa démarche cartésienne apparaissent dans les commentaires à partir de 1970 où il a écrit: «Que peuvent signifier les malheurs qui se sont récemment abattus sur mes proches ? Peuvent-ils être considérés comme une révélation, une punition, un signe?». Dans une note datant de 1974, il écrit : «Quelle langue dois-je utiliser quand je parle aux gens? Dois-je annoncer l’Evangile avec une conviction absolue? »

Dans ses dernières années, affaibli par la maladie, les écrits du pape deviennent clairsemés et moins sûrs. Son dernier « cogito », écrit en 2003, fait allusion à l’histoire biblique de Jonas, qui a été ordonné par Dieu pour prêcher sa parole mais qui s’est enfuit. Le pape Jean Paul II, qui a tant voyagé dans le monde entier pour prêcher l’Evangile, écrit dans un script en italien, dans le bas de page: «Jonas, c’est la peur de proclamer l’amour de Dieu.»

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