Les lois et conventions internationales sur l’égalité salariale n’ont manifestement aucun effet sur le terrain. Selon un rapport de l’Organisation internationale du Travail de l’ONU (OIT), les femmes à travers le monde gagnent 77% du salaire versé aux hommes, un chiffre qui a augmenté de seulement trois points durant ces 20 dernières années. Au-delà de cet écart constant de rémunération, l’OIT note que les femmes font face à un « écart de rémunération de la maternité ». En effet, les femmes ayant donné naissance à un enfant ne sont pas bien accueillies lorsqu’elles reprennent le travail, comparativement aux femmes sans enfant.

Rien n’a changé

Le rapport de l’Organisation internationale du Travail, publié à la veille de la Journée internationale de la femme, montre également que l’écart entre les sexes dans la participation au monde du travail a à peine changé en deux décennies. Depuis la Déclaration de Beijing sur les droits des femmes, qui a été signée par 189 gouvernements en 1995, l’écart du taux de participation des femmes par rapport aux hommes n’a baissé que de 1%. Aujourd’hui 50% des femmes dans le monde travaillent, contre 77% des hommes. En 1996, les chiffres étaient de 52% et 80% respectivement.

« La conclusion primordiale, 20 années après Beijing, c’est que, malgré les progrès marginaux, nous avons des années, voire des décennies, pour que les femmes jouissent des mêmes droits et avantages que les hommes au travail », a déclaré Shauna Olney, la directrice du département du genre, de l’égalité et de la diversité de l’OIT.

Responsabilité politiques

Le rapport montre que les politiques gouvernementales ont accentué la discrimination à l’encontre des femmes. Les lois sur les congés-maternités généralement pénalisent, même pour une courte période, les femmes sur le marché du travail. Contrairement à la discrimination entre femmes avec enfants et femmes sans enfant, les législations favorisent les pères par rapport aux hommes sans enfants. Selon un rapport cité par l’OIT, les pères aux États-Unis gagnent 11% plus que leurs collègues qui n’ont pas d’enfant.

Les mères sont plus exposées à des interruptions de carrière, au travail à temps partiel, aux emplois qui aident à concilier travail et famille – qui sont généralement moins bien rémunérés – et au manque de promotions.

La faible rémunération des mères travailleuse est également liée à d’autres facteurs, tels que la discrimination et la sous-évaluation du travail des femmes, ainsi que les politiques du gouvernement sur le congé parental, les codes du travail et le droit de garde des enfants.

Le pourcentage de pays offrant une certaine forme de congé-maternité a augmenté de 38% en 1995 à 51% aujourd’hui – bien que 41% des femmes ne bénéficient pas encore d’une « protection adéquate », note le rapport.

Les États sont également de plus en plus nombreux à accorder des congé-paternité aux travailleurs (de 28% il y a deux décennies nous sommes à 56% aujourd’hui). Mais cependant que les hommes « commencent à prendre plus de responsabilités dans les tâches ménagères», les femmes assument encore la majorité de cette charge. Dans l’UE, par exemple, les femmes consacrent 26 heures par semaine aux activités ménagères, contre 09 heures pour les hommes. Que dire de la situation dans l’hémisphère du sud où les hommes sont quasiment absents du foyer familial ?

Pour Naomi Wolf, Consultante en coaching et féministe engagée: « Le sexisme en milieu de travail ne cédera jamais aux appels de bonne volonté. Il y a trop d’argent en jeu. Il est grand temps pour les femmes de s’organiser à la fois comme mouvement de la population active et puissance politique pour combler cet écart cauchemardesque contre l’équité et l’égalité « .

Violences faites aux femmes

Selon l’OIT, un tiers des femmes actives sont «victimes de violence physique et / ou sexuelle qui affecte leur assiduité au travail ». Selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, 700 000 femmes sont quotidiennement victimes de violence physique ou sexuelle dans le Moyen-Orient et en Afrique. 40% de ces femmes victimes vivent en Afrique et 43% dans le sud-est de l’Asie.

Commentant les conclusions du rapport sur la discrimination salariale, Guy Ryder, directeur général de l’OIT, a dit : « Les progrès réalisés depuis la Déclaration de Beijing n’ont décidément pas répondu à nos attentes. Nous devons faire preuve d’innovation afin de recadrer le débat et intensifier l’accent sur la garantie des droits des femmes au travail, la promotion de l’égalité des sexes et l’indépendance économique des femmes. »

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