«Je l’ai appelé Morgan» est un documentaire suave et poignant. Ce film réalisé par Kasper Collin dévoile -enfin et sans tomber dans le sensationnel- les détails sur la vie et la mort de Lee Morgan, l’un des plus brillants trompettes du Jazz Contemporain. Le documentaire n’est pas un film sur la jalousie et la toxicomanie, mais un drame humain délicat sur l’amour, l’ambition et la gloire de l’art Afro-Américain.
Portait transversal
Morgan a été tué dans les premières heures du 19 février 1972, à Slug’s Saloon, un club de jazz dans le East Village de New York City où son groupe jouait. Après une altercation de routine (alcool, brouillard, incompréhension, jalousie), l’épouse de Morgan, Helen née More, lui tira dessus. Les blessures ne semblaient pas mortelles, mais les fortes chutes de neige rendant les conditions de conduite extrêmement difficiles, l’ambulance arriva tardivement sur les lieux du drame. L’ambulance pris tellement de temps pour y arriver que Morgan saigna à mort. Il avait 33 ans.
Helen Morgan fut arrêtée et passa quelque temps en prison avant d’être remise en liberté conditionnelle. Après sa libération, Helen Morgan retourna dans sa Caroline du Nord natale, loin des tabloïdes, où elle décéda en mars 1996.
L’unique entretien audio accordé par Helen Morgan, réalisé en 1996, peu de temps avant sa mort, constitue l’épine dorsale du film de Kasper Collin. L’histoire qu’elle raconte s’associe à l’histoire que le réalisateur construit autour d’elle pour fournir un portrait révélateur et émouvant non seulement sur Lee Morgan, mais aussi d’autres grands musiciens célèbres (comme des musiciens avec lesquels il a joué) ou anonymes (comme Helen), dont dépendait son art et sa vie.