Les professionnelles du sexe ont toutes été confrontées à un « rappel » lorsqu’elles ont tenté de quitter l’industrie pour de nouvelles occupations. Cet obstacle rédhibitoire est crûment exposé dans une étude baptisée «le stigmate de la pute».
Traitements dégradants
Les participantes, dont les noms ont été changés afin de protéger leur identité, ont rapporté plusieurs problèmes allant des insultes à la violence, décrivant le stigmate auquel elles doivent faire face comme la barrière la plus difficile à franchir pour abandonner le commerce du sexe. «C’est comme s’il n’y avait aucun moyen d’y échapper» a déclaré la sociologue Raven Bowen, coordinatrice de cette étude.
«Les travailleuses du sexe s’attendent à des discours haineux et de rage de la part des prédateurs. Mais elles ne s’attendent pas nécessairement à cela de la part d’un collègue de travail des années après qu’elles aient quitté l’industrie», a-t-elle ajouté
A croire qu’on est entraîné dans la spirale du pire, et qu’au lieu de frapper du poing sur la table pour se tirer de la situation, on s’enfonce dans la catastrophe. C’est toute la perversité de la prostitution: une dévalorisation permanente.
Langage du corps
Faire la transition entre l’industrie du sexe et le marché du travail, c’est comme passer d’un extrême à l’autre, de la nuit au jour.
Tourner la page dans la vie amoureuse s’avère également problématique, comme le témoigne ce récit anonyme d’une « ex-commerçante du sexe »:
« …J’ai rencontré un homme. Nous nous sommes aimés. Qui dit amour dit paroles. Dire qu’on a été une putain à un homme n’est pas sans conséquences… Il y a à la fois ce côté désolé, altruiste, sauveur (que grand nombre de mes clients m’ont présenté). Et ce côté excité. Et à la fin, tu ne sais plus si tu aimes jouer les salopes ou si c’est un rôle… Et peu à peu, c’est la séparation.