Revenu universel, revenu de base universel, allocation universelle, revenu d’existence, revenu citoyen… Les appellations varient, mais l’idée est la même : verser à tout citoyen d’un pays donné, sans aucune condition, une somme mensuelle fixe. L’idée avance lentement et gagne du terrain. Selon ses adeptes, le revenu minimum universel (RMU) est une solution au chômage causé par la montée en puissance des machines équipées d’intelligence artificielle.

Sous le régime du RMU, le gouvernement verse à chaque citoyen un salaire de base pour amortir les inégalités abyssales aggravées par le conservatisme et la technologie, notamment la nourriture, le transport et le loyer. La somme garantie serait versée à tous les citoyens, indépendamment de la richesse ou du statut professionnel.

Modalités

En fonction des détails du système proposé, les fonds pourraient être ajoutés aux avantages existants ou tout simplement remplacé par le RMU.

Pour payer à chaque adulte et enfant aux États-Unis un revenu annuel de 10 000 $ par an, le gouvernement devrait probablement réduire la plupart des programmes de dépenses sociales non sanitaires et augmenter de 10% la part du PIB selon l’économiste.

Une autre proposition consiste à instaurer un taux d’intérêt négatif, qui prendrait un pourcentage du compte bancaire de chaque citoyen, chaque mois. Sur cette base, si au Royaume-Uni octroyait à chaque adulte et enfant 14 900 $ par an, cela impliquerait un taux d’intérêt négatif de 2,5% par mois, selon les prévisions du Center for Welfare Reform, le centre de recherche économique du pays.

Donc, si une personne devait avoir 5 000 £ (6 600 $) dans son compte bancaire au début du mois, à la fin, 4 884 £ (6 500 $) y seraient déposé parce que 116 £ (153 $) seraient retenus par le gouvernement britannique pour financer le RMU.

Certains auteurs ont suggéré une échelle mobile du revenu de base. Dans un tel système, plus le salaire d’un citoyen est élevé, plus le chèque de revenu de base qu’il recevrait du gouvernement serait bas. En d’autres termes, le programme serait probablement financé par une augmentation des impôts sur le revenu pour tous les niveaux de revenu.

Applications

La Finlande est le premier pays européen à verser à ses citoyens sans emploi une somme inconditionnelle. Le projet pilote de deux ans prévoit que le gouvernement accorde aux citoyens finlandais sans emploi âgés de 25 à 58 ans un montant garanti de 560 euros (490 livres sterling / 648 dollars) qui remplaceraient les prestations sociales existantes. Mais, ces fonds seraient toujours payés même les bénéficiaires finissent par trouver du travail.

À Marica, au Brésil, une ville côtière d’environ 150 000 habitants près de Rio de Janeiro, le gouvernement municipal de gauche a versé pendant toute l’année 2017 des salaires de base universels à ses administrés. Seules les 14 000 familles les plus pauvres de la ville reçoivent le revenu universel, qui est libellé en Mumbucas, une monnaie virtuelle créée pour payer l’aide sociale.

Une ONG américaine, GiveDirectly, a décidé de mettre en pratique le RMU en ciblant un village défavorisé du Kenya et en distribuant de l’argent en liquide à tous les adultes. Depuis près d’un an et demi l’ONG s’est engagée à leur verser tous les mois l’équivalent de 20 euros. GiveDirectly a été reconnue meilleure organisation caritative internationale et comme l’une des dix entreprises les plus innovantes dans le domaine de la finance.

Limites

Utopique et coûteux, le revenu de base universel encouragerait l’oisiveté, généraliserait l’assistance et mépriserait la valeur travail. Certains craignent aussi qu’il se transforme, dans sa version libérale, en instrument d’exploitation : d’un montant trop faible pour se passer de travailler, il offrirait au capitalisme une «armée de réserve» où puiser des travailleurs partiellement rémunérés par un faible revenu d’existence.

D’autres redoutent aussi que le dispositif renvoie les femmes au foyer. L’expérimentation d’un impôt négatif, sorte de revenu de base allégé, aux Etats-Unis dans les années 1970, a en effet entraîné une baisse substantielle du temps de travail chez les femmes.

Reste que le RMU peut favoriser l’émancipation des femmes, puisque le revenu de base est versé à chaque individu et non à chaque ménage, renforçant l’autonomie et l’indépendance économique des femmes, particulièrement touchées par la précarité, surtout dans les pays en voie de développement.

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