La fidélité de « La baronne » pour les musiciens, en général, et Thelonious Monk, en particulier, était limpide et sans faille. Elle finança plusieurs prestations du pianiste et n’hésita pas à se constituer prisonnière afin de le protéger. L’incident s’est produit en 1958 lorsque la police arrêta le couple en route pour un concert hors de la ville de New York. Les policiers trouvèrent une petite quantité de marijuana dans la voiture de Thelonious Monk. Nica prétendit que c’était la sienne et elle fut condamnée à trois ans de prison. Après une bataille juridique de deux ans financée par les Rothschild, l’affaire fut rejetée, en appel, pour vice de forme.

La mort n’est pas une fin

Au début des années 1970, Thelonious Monk décida de se retirer de la scène. Son dernier enregistrement date de novembre 1971 et rares furent ses apparition sur scène, pendant la dernière décennie de sa vie. C’est dans la maison de Nica qu’il passa les six dernières années de sa vie sans toucher le piano, parlant très peu. Il mourut d’une attaque cérébrale le 17 Février 1982. Six ans après, Nica décéda à son tour, à l’âgé de 74 ans, suite à une opération chirurgicale des valves cardiaques.

Hannah Rothschild, qui a toujours vécu en Angleterre, regrette de n’avoir pas rendu visite le plus souvent à sa tante, à New York. « Le deuil, dit-elle, a été silencieux et très long. Je regrette de n’avoir pas passé plus de temps avec elle.  Je luis aurais posé des questions sur tant de chose de la vie. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un est mort que notre relation avec lui s’arrête complètement (…) ». Rothschild admet être traversée par des vibrations à chaque fois qu’elle écoute ce mystérieux enregistrement de 1948, «Round Midnight» de Thelonious Monk. « Je me demande si ma vie ne va pas brusquement basculée, me poussant à abandonner mes enfants, mes amis, mon pays… »