Mais Nica ne rencontrera Monk que quelques années plus tard, lors d’un concert à Paris, en 1954. C’est la pianiste Mary Lou Williams, une amie commune, qui, en coulisse, fit les présentations. Les présentations faites, Nica et Monk devinrent inséparables. Bien que Monk était marié, la relation entre la baronne et lui était restée platonique, selon les recherches et analyses de Rothschild. «Je crois, dit-elle, que ce qui les unissait était leur amour pour la musique, en particulier sa musique, pourrais-je ajouter. Un vrai sens de la camaraderie et de l’amitié, en somme. »

Pour comprendre, en partie, la passion de Nica pour le jazz, il faudrait remonter à son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec la disparition de ses parents juifs lors de l’Holocauste, elle s’engagea et joua un rôle actif dans la guerre. Elle prit part aux combats aux cotés de l’Armée Française de Charles De Gaulle, dans la bataille du Congo, en Afrique. Après avoir exercé plusieurs activités et effectué de nombreuses missions sur les fronts, elle termina la guerre avec une décoration de lieutenant. « Elle vécu la guerre de l’intérieur et de façon active. Quand elle est revenue de la guerre, il était impossible pour elle de se réinstaller dans une vie familiale normale et une domesticité banale», explique Rothschild.

La Baronne du Jazz

Bien que Nica n’ait jamais appris à composer ni à jouer de la musique, amie des musiciens, mécène infatigable, elle a inscrit ses empreintes dans la création musicale. L’on dénombre, en effet, une bonne douzaine de compositions, dont beaucoup sont devenues des standards, qui lui rendent hommage: « Nica » de Sonny Clark, « Tonica » de Kenny Dorham, « Thelonica » de Tommy Flanagan, « Nica’s Dream » de Horace Silver…