« Respect » est une fiction autour de la vie d’Aretha Franklin, diva dont la voix a donné forme à l’intégrité de la Musique Afro-Américaine. Joliment monté et parfaitement agencé – Jennifer Hudson joue à la reine – le film est un portrait solide, aseptisé et toujours poli. Les images s’enchaînent au rythme de titres familiers de la discographie gigantesque de la musicienne, de « The Electrifying Aretha Franklin » à « Laughing on the Outside », « Spirit in the Dark » en passant par « Get It Right ».
La trame dramatique est conforme à l’arc classique du biopic : l’artiste commence humblement ; atteint des sommets (artistiques, commerciaux, peut-être les deux) ; subit un revers (mauvais amants, addiction) ; retrouve la force pour monter encore plus haut…
Pris dans son ensemble, le film – réalisé par Liesl Tommy à partir d’un scénario de Tracey Scott Wilson – ne vous tiendra pas fermement, même s’il a des moments qui susciteraient une certaine transe. Tout d’abord, il a fallu s’occuper des préliminaires standard, notamment l’enfance d’Aretha, avec ses tensions crépitantes et ses tourments prudemment assourdis. C’est une histoire qui a déjà été racontée, notamment par le biographe de Franklin, David Ritz. Dans la version de Liest Tommy, cette vie est souvent floue, et généralement arrosée -plutôt que trempée- de larmes. A vrai dire, cela semble presque rasant de regarder la jeune Aretha (Skye Dakota Turner) errer dans la maison de sa famille tard dans la nuit, souriant et saluant les fêtards qu’elle appelle « Oncle Duke » (comme à Ellington) et « Tante Ella » (Ms. Fitzgerald). C’est sûr, Liest Tommy, metteuse en scène qui fait ses débuts au cinéma, manie avec assurance le matériau et ses nombreux éléments basique du genre.