Engagé comme soi-disant « Collecteur d’Impôts » par plusieurs familles influentes, le capitaine « N. » a un regard effrayant. Ragaillardi sous l’effet de l’alcool, il se promène avec un morceau de bois pour faire respecter son autorité à un carrefour routier chaotique et très fréquenté dans la ville de Port Harcourt, au sud du Nigéria.
Le travail du jeune homme -34 à 37 ans- consiste à collecter des « taxes » pour ce qu’il appelle la « communauté » auprès des taxis et des bus de 18 places qui opèrent dans cette partie de la ville.
Cette « tâche communautaire » a ses racines dans une vieille tradition, lorsque les entreprises payaient une redevance unique ou offraient liqueur et cadeaux à leurs hôtes pour obtenir la « bénédiction des ancêtres »
Aujourd’hui cette pratique s’est transformé en ce que les critiques disent être un « racket d’extorsion en bonne et due forme ».
De fait, certaines familles, prétendant agir au nom des communautés locales, exigent des redevances des entreprises, qu’il s’agisse de chauffeurs de taxi ou de commerçants du marché, opérant dans ce qu’elles considèrent comme leur domaine.
M. « N. » dit qu’il perçoit 5 à 7 000 nairas (6,50 à 9 $) par jour – un montant raisonnable au Nigeria.
Marié et père de deux enfants, il garde une partie de l’argent tandis que le reste est donné à cinq familles puissantes de la communauté – où il se perd dans une traînée de poches privées.
Les soi-disant « percepteurs d’impôts » ou « agents tiers » sont également utilisés par les États et les gouvernements locaux du Nigéria pour percevoir certains impôts.