Pourquoi la plupart des gens sont-ils conscients que le changement climatique est une menace majeure et pourtant, lorsqu’on leur demande de nommer les plus grands dangers qui guette la civilisation, semblent toujours incapables de le rappeler?
L‘ennemi invisible
La raison principale est que notre sens inné de la concurrence sociale nous a rendus extrêmement attentifs à toutes les menaces représentées par l’ennemi invisible. Mêmes un enfant de bas âge peut faire la différence entre un accident et une attaque délibérée. Mais quand il s’agit du changement climatique, la logique se brouille et la formule fondamentale de la morale n’a plus de sens: c’est un crime parfait et indétectable auquel tout le monde contribue mais pour lequel personne n’a de motif.
Nul n’est à blâmer. Après tout, nous ne faisons que vivre nos vies: conduire les enfants à l’école, aller au travail, nettoyer la maison, manger, aller au lit… Ce n’est qu’une fois que nous acceptons la menace du changement climatique que la routine se grippe. C’est alors que nous rejetons facilement les connaissances acquises ou réagissons avec colère et ressentiment.
Pire encore, le changement climatique semble contenir une bouffée royale d’autres qualités avec lesquelles il est notoirement difficile à notre cerveau de s’engager: il nécessite des sacrifices personnels immédiats pour éviter des pertes collectives incertaines dans le futur.
Le psychologue cognitif Daniel Kahneman, qui a remporté un prix Nobel pour ses études sur la façon dont nous réagissons de manière irrationnelle à de tels problèmes, est profondément pessimiste quant aux chance de survie de la planète : «Désolé», a-t-il dit, “je suis profondément pessimiste. Je ne vois aucun chemin vers l’espoir.