Double médaillée en or au championnat du monde et aux jeux olympiques, Shelly-Ann Fraser-Pryce s’est élevée contre la suspicion de dopage généralisé qui plane depuis quelque temps sur les athlètes jamaïcains. La sprinteuse de 26 ans menace de ne plus participer aux compétions majeures, si les autorités de son pays n’apportent pas un soutient ferme à ses confrères et sœurs jamaïcains. La championne incontestée du 100m a estimé que les commentaires sur le laxisme de la fédération jamaïcaine d’athlétisme sont déplacés et mal venus.
La voix de la Jamaïque
S’exprimant juste avant la cérémonie récompensant la et le meilleur athlète de l’année, la jeune championne a déclaré sur BBC Sport: «Si certaines choses ne tournent pas rond, il faut prendre des décisions et agir. Il est inacceptable qu’on nous couvre d’opprobre à un moment où nous sommes sur la bonne voie. Il est très important que notre fédération nous soutienne, au lieu de nous jeter en pâture. Nous avons besoin d’une voix qui remette en cause des accusations qui sont sans fondement».
Six athlètes jamaïcains ont été épinglés cette année pour dopage. Cependant, Madame Fraser- Pryce affirme que son pays demeure « clean » : « Le dossier est vide ; nous sommes testés partout où nous allons faire des compétitions. Personne en Jamaïque n’encourage la consommation de produits dopant pour courir plus vite. Ce n’est tout simplement pas vrai. En revanche, il est vrai que nos jeunes athlètes, parce qu’ils ne sont ni conseillés ni soutenus, se font souvent piégés.»
L’ingratitude
Nous, les professionnels, faisons beaucoup pour le rayonnement international de notre pays. Mais une fois en Jamaïque, les athlètes ne sont pas soignés et ne bénéficient d’aucune protection. Nous vendons très bien l’image de notre pays. Mais, quand il s’agit de nous défendre, notre pays perd subitement la voix. Pourquoi ne recevons-nous pas le soutien que nous méritons? Beaucoup de nos jeunes athlètes se battent comme de beaux diables en Jamaïque. Ils ne sont pas en mesure d’obtenir les soins médicaux dont ils ont besoin, ils ne se nourrissent pas correctement. C’est comme si la fédération Jamaïcaine ne croit pas en nos valeurs. Nous sommes des athlètes internationaux et nous devrions être traités selon notre rang. Nous avons notre mot à dire quand les choses qui nous concernent ne fonctionnent pas comme il le faudrait. »
Fraser- Pryce a connu une année sportive particulièrement réussie en s’adjugeant trois titres de champion du monde, dans les relais du 100m, du 200m et du4x100m. A cela, il faut ajouter une médaille d’or et deux médailles d’argent qu’elle a gagné aux Jeux olympiques de 2012.
Shelly-Ann Fraser- Pryce est à la tête de la création d’un syndicat en Jamaïque qui serait fonctionnel à compter de 2014. Cette organisation a pour objet de donner aux jeunes athlètes une voix et une autre alternative.
Notis©2013
Illustration : « La roquette de poche » par Matt Holton