Dans ces conditions, la rue apparaissait comme le recours naturel. Mais ce dernier recours n’est pas sans risques : Si des gestes de désobéissance se multiplient et si la contestation prend de l’ampleur, le pouvoir va être placé devant un choix historique.
Cinq Scénarios
Alors que la présidentielle doit se dérouler, le 18 avril 2019, il y a selon les observateurs au moins cinq scénarios pour sortir de la crise.
1. le Conseil Constitutionnel retient le dossier de candidature de Bouteflika malgré le refus populaire exprimé dans la rue. Pour l’opposition, ce scénario est le plus risqué puisqu’il peut pousser l’Algérie vers l’inconnu et l’impasse.
2. Bouteflika retire son dossier de candidature à la présidentielle et ouvre la voie à un autre candidat qui serait soutenu discrètement par l’armée. Cela pourrait être le général major à la retraite Ali Ghediri. Jusque-là, Ghediri, abandonné par ses collaborateurs comme l’avocat Mokrane Ait Larbi, n’a pas participé aux réunions de l’opposition.
3. Le Conseil constitutionnel refuse le dossier de candidature de Bouteflika pour « raisons médicales ». Cela aurait l’avantage de crédibiliser ce Conseil dirigé par un proche du président sortant, Tayeb Bélaïz, et de permettre au processus électoral de se poursuivre avec les autres candidats sans que l’armée intervienne.
4. Le report de la présidentielle. Cela nécessiterait une gymnastique légale assez risquée. La Constitution n’autorise le report d’une élection qu’en cas de guerre. Il faudrait donc l’amender rapidement, pas par référendum, puisque le temps ne le permet plus, mais par un Congrès (réunion des deux chambres du Parlement). L’amendement doit préciser la durée du report pour éviter la vacance du pouvoir, le mandat actuel du président Bouteflika s’achevant le 16 avril à minuit. Au-delà de cette date, le pays sera plongé dans le vide institutionnel.