Depuis vendredi 22 février 2019, les milliers d’Algériens ont pris la rue pour protester contre la candidature à un cinquième mandat d’un président malade et invisible. C’est la première fois, en vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika, que les Algériens descendent simultanément dans les rues de plusieurs régions du pays pour le contester.
Une mobilisation de plus en massive qui a surpris et continue de surprendre (le pouvoir, l’opposition et la communauté internationale ont été pris de cours), d’autant plus que les rassemblements sont interdits, depuis 2001, dans un pays resté à l’écart des « printemps arabes ».
Régime opaque
Les Algériens étaient restés passifs à l’annonce de la quatrième candidature d’Abdelaziz Bouteflika, en 2014, alors qu’il venait d’être frappé par l’AVC qui l’a depuis profondément handicapé mais qui, à l’époque, pouvait passer pour un accident sans conséquences durables.
Cette fois-ci, c’est la candidature de trop. L’incapacité de M. Bouteflika à exercer ses fonctions est devenue trop évidente : il ne s’est pas exprimé en public depuis sept ans et se fait représenter dans les rassemblements par un portrait de lui auquel tous les honneurs sont dus.
Son refus, à 81 ans, d’organiser sa succession est incompréhensible pour une population dont 45 % a moins de 25 ans. L’opacité du fonctionnement du clan au pouvoir autour de lui occulte toute perspective de changement. La manière dont est organisé le processus électoral verrouille toute chance d’alternance dans un pays terriblement marqué par la sanglante guerre civile des années 1990 et dont la jeunesse est plus motivée par l’envie de quitter le pays que par celle de voter