Si davantage de personnes de la gent féminine entraient dans la vie active, c’est-à-dire exerçaient un travail rémunéré, la croissance économique mondiale bénéficierait d’un véritable « coup de fouet », ont écrit les experts de l’OCDE, dans un rapport intitulé « Inégalités hommes-femmes, il est temps d’agir ». Cependant, les politiques d’austérité menées par certains pays pour lutter contre la crise risquent «d’aggraver encore» la situation des femmes sur le marché du travail.

La femme est l’avenir de l’humanité

Selon les experts de l’OCDE, « toute diminution de 50% de l’écart hommes-femmes en termes de taux d’activité devrait aboutir à une hausse du taux de croissance du produit intérieur brut par habitant de 0,3 point de pourcentage ; et de 0,6 point dans l’hypothèse d’une convergence totale d’ici à 2030, ont-ils calculé, en se basant sur les taux de croissance à long terme des économistes de l’Organisation. Ce qui équivaut à une progression totale de 12 % du PIB sur vingt ans. »

Les pays qui en bénéficieraient le plus, parce que partant de plus loin, sont l’Italie, dont le PIB progresserait de 22,5 % sur vingt ans, ainsi que la Corée du Sud, la Grèce, la Hongrie et le Japon. En France, le résultat serait plus modeste, avec une augmentation de 9,4 %.

Les femmes travaillent plus

Mais, pour qu’il en soit ainsi, plusieurs conditions doivent être réunies. Le partage des tâches doit en particulier devenir plus équitable. Car si les femmes sont moins nombreuses que les hommes à exercer une activité rémunérée, elles passent globalement plus de temps à travailler – de façon rémunérée ou pas – que les hommes dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE.

L’Inde et le Portugal font partie des plus mauvais élèves. C’est dans ces pays que le temps de travail global est le plus inégal, en défaveur des femmes. La France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. En revanche, les temps de travail sont globalement équilibrés en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans ces deux pays, le surcroît de travail non rémunéré exercé par les femmes équivaut au surcroît de travail rémunéré exercé par les hommes.

Pour que davantage de femmes puissent entrer dans la vie « active », il est donc nécessaire de permettre à tous, hommes et femmes, de mieux équilibrer vie personnelle et vie familiale. Les jeunes de la génération Y, pour qui ce serait le vœu le plus cher, ont donc encore du pain sur la planche.

Les femmes gagnent moins

Ouvrir davantage les portes du marché du travail aux femmes implique aussi de « modifier les stéréotypes sexués », rappelle ce rapport. Car si les filles ont de meilleurs résultats scolaires en fin de secondaire dans de nombreux pays de l’OCDE, elles continuent d’être moins nombreuses à s’orienter vers des études scientifiques et techniques.

Elles sont également sous-représentées dans le secteur des entreprises et à l’inverse en grand nombre dans la santé, l’aide sociale, l’enseignement et l’administration. Parce qu’elles perçoivent ces métiers comme plus compatible avec leurs tâches familiales ; mais aussi par reproduction de schémas culturels.

Il n’est donc guère étonnant que les femmes soient aussi peu nombreuses en haut de l’échelle hiérarchique. « Les femmes occupent moins d’un tiers des postes de direction dans la zone OCDE », précise le rapport.

Les écarts de rémunérations restent aussi marqués, en particulier parmi les plus hauts revenus. Dans les pays de l’OCDE, en effet, les hommes gagnent en moyenne 16% de plus que les femmes pour une activité similaire.

Les femmes sont moins « entreprenantes »

Les femmes sont aussi moins nombreuses que les hommes à créer leur entreprise. « Par crainte des conséquences juridiques et sociales d’un éventuel échec de leur entreprise », rapportent les experts de l’OCDE.

Alors que « les nouvelles entreprises détenues par des femmes affichent de meilleurs scores en terme de créations d’emplois sur trois ans que celles détenues par des hommes en France, en Italie, en Nouvelle-Zélande et en Pologne, tandis qu’elles accusent un certain retard en Finlande, aux Pays-Bas, en République slovaque et en Suisse », précise le rapport.

Il souligne également le rôle que pourraient jouer les financiers dans cette sous-représentation des femmes créatrices d’entreprises. « Les investisseurs en capital-risque sont principalement des hommes », peut-on y lire. Le pays le plus vertueux à cet égard est l’Autriche, avec 30 % d’investisseurs féminins. La Corée du Sud n’en compterait aucune. Et la France se situe en haut du peloton, avec un peu plus de 20 % de femmes. Moins de crédits pour les dirigeantes d’entreprise

Les femmes chefs d’entreprise empruntent beaucoup moins que les hommes dans la même situation, constate le rapport de l’OCDE sur les inégalités hommes-femmes. Que ce soit pour créer leur entreprise ou pour la faire fonctionner.

Les femmes seraient plus réticentes à chercher des crédits, constate le rapport. Est-ce par prudence, par manque d’ambition? Ou parce qu’il leur est plus difficile et plus coûteux de contracter des prêts?

Sans trancher, le rapport note néanmoins que cette deuxième raison prévaut dans plusieurs pays. Ainsi, au Canada, les femmes doivent fournir davantage de pièces justificatives aux établissements financiers que leurs homologues masculins. Et en Italie, les femmes entrepreneurs se voient demander des taux d’intérêt plus élevés.

Les femmes sont plus touchées par la crise

«Dans certains pays, la politique d’austérité et le recentrage des efforts sur le retour à l’emploi des personnes privées de travail par la crise risquent de rendre la question de l’égalité hommes-femmes moins prioritaire», estiment les experts de l’organisation. «La réduction des dépenses publiques qui affaiblissent les politiques familiales peut être préjudiciable aux femmes, en particulier aux mères isolées», note l’OCDE. Son rapport craint «un effet de découragement (…) en particulier chez les femmes ayant un bon niveau d’études et qui, voyant la récession empirer, pourraient décider de renoncer à leur activité professionnelle». En dépit des avancées en matière d’éducation et d’emploi, un manque de soutien dans le cadre de la maternité empêche les plans de carrière des femmes.

Notis©2012