Dans un rapport publié le 1er avril 2015, l’ONG de droits de l’homme, Amnesty International, a mis en garde contre une hausse « alarmante » des condamnations à mort dans le monde. Amnesty International s’est attardée sur la situation d’un certain nombre de pays, dont l’Egypte et le Nigeria où cette augmentation a été particulièrement marquée en 2014. L’ONG a également critiqué le Pakistan pour avoir levé son moratoire sur les exécutions à mort des combattants talibans. Ces derniers avaient exécuté des écoliers à Peshawar en décembre 2014.
Les exécutions occultes
« Ce développement est très inquiétant. En 2014, il y a eu une nette augmentation des décisions de mise à mort, » a dit Audrey Gaughran, la Directrice de l’Organisation, lors du lancement dudit rapport. «La peine de mort n’est pas la justice. Il n’y a aucune preuve que la peine de mort soit plus dissuasive que d’autres formes de punition», a-t-elle ajouté.
Au titre de l’année 2014, le rapport a enregistré 2466 (deux mille quatre cent soixante-six) condamnations à mort, soit une augmentation de 28% comparativement à 2013. Toutefois, l’ONG note que le nombre de condamnations à mort effectivement réalisées a baissé de 22% (-607) par rapport à l’année précédente. Mais, ces derniers chiffres doivent être pris avec des pincettes, car le rapport n’a pas pris en compte les exécutions en Chine ou ailleurs, où les jugements sur la peine de mort sont tenus secrets.
La Chine demeure le plus grand bourreau en matière d’exécution de la peine capital, suivie par l’Iran, qui a commis 289 meurtres publics. L’Organisation a dit qu’au moins 454 exécutions ont été réalisées dans le secret par les autorités iraniennes. L’Arabie Saoudite a effectué 90 exécutions, suivi par l’Irak, qui a tué 61 personnes condamnées à mort et les États-Unis, qui ont exécuté 35 êtres humains.
Les cas égyptien et nigérian
Bien que le rapport note une diminution globale du nombre de condamnations à mort prononcées en 2014, il met en exergue l’exception de la situation de l’Egypte, où le nombre d’exécution est passé 103 en 2013 à 509. Cette augmentation drastique est due, selon le rapport, aux condamnations à mort de masse. En effet, 37 personnes ont été exécutées en avril 2014 et au mois de juin de la même année, 183 personnes ont été pendues à «l’issue de procès inéquitables de masse», a déclaré Amnesty. Depuis l’éviction de l’ancien président Mohamed Morsi, en juillet 2013, au moins 1 400 de ses partisans ont été tués dans une répression sévère organisée par le régime du président et ancien chef militaire, Abdel Fattah al-Sissi.
Les condamnations à mort au Nigeria ont également grimpé jusqu’à 659 en 2014 contre 141 exécutions en 2013. Ce massacre à ciel ouvert est principalement lié à la rébellion Boko Haram dans le nord du pays.
Enfin, Amnesty a constaté 113 condamnés à mort ont été innocentés par la justice à travers le monde en 2014. «C’est évidemment très inquiétant, car ce chiffre souligne le nombre important des gens innocents qui sont condamnés à mort et exécutés », a conclu Madame Gaughran.
Notis©2015
Sources : Amnesty International