Jean-Marie Le Pen ne sera effectivement jamais maire de Marseille. Mais Bernard Tapie non plus, malgré l’option posée pour les municipales de 1995. Le 14 décembre 1994, il est en effet déclaré en faillite personnelle dans un procès ouvert autour de la vente d’Adidas par le Crédit lyonnais. « J’ai été nommé ministre riche, la politique m’a ruiné », écrit l’intéressé dans une tribune publiée par Le Monde et titrée « La voix des exclus ». Trois jours auparavant, il a quitté la présidence de l’OM, rétrogradée en deuxième division après les révélations sur le match arrangé, le 20 mai 1993, avec Valencienne, juste avant la finale victorieuse de la Ligue des champions.

Face aux épreuves

Dès lors, les rendez-vous judiciaires vont s’enchaîner. Ainsi que les condamnations à de la prison ferme. D’abord, en 1995, dans l’affaire OM-VA. Ensuite pour fraude fiscale, successivement en 1997 puis en 2005. Les trois peines ayant été confondues, Bernard Tapie sera effectivement emprisonné 165 jours en 1997. Entre-temps, cet homme aux multiples vies s’est reconverti comme acteur, jouant en particulier dans Hommes, femmes, mode d’emploi de Claude Lelouch (1996) ou interprétant à la télévision le commissaire Valence (2003-2008). Il y joue aux côtés d’un de ses quatre enfants, né d’un premier mariage.

Le plus long feuilleton judiciaire est cependant l’affaire Adidas l’opposant au Crédit lyonnais. En 2008, l’imbroglio semble se clore en sa faveur avec la sentence d’un tribunal arbitral. Financièrement renfloué, il investit dans le Groupe Hersant Média, propriétaire de La Provence. Mais l’accalmie ne sera que de courte durée. Mécanisme controversé, extrajudiciaire mais légal, le tribunal arbitral a été décidé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, que l’ancien homme de gauche avait soutenu à la présidentielle de 2007. En 2011, la ministre décisionnaire, Christine Lagarde, est mise en examen devant la Cour d’appel de la République. Et l’ancien patron d’Adidas retrouve le chemin des tribunaux. En mai 2017, il sera finalement condamné définitivement par la Cour de cassation à rembourser les sommes accordées par les arbitres, puis, en décembre, renvoyé devant le tribunal correctionnel. Soupçonné d’avoir activé ses réseaux pour que des instruc­tions soient données en sa faveur, il a été relaxé en juillet 2019. En mai 2021 s’était ouvert son procès en appel, auquel lui et ses avocats venaient de décider de ne plus participer.