Contrairement à leurs collègues Russes ou Italiens, les groupes criminels chinois prospèrent dans l’ombre. Alors que les coups de filet contre les commerces illégaux tendent à se multiplier, les autorités policières s’alarment du phénomène de fuites massives de capitaux non déclarés vers la Chine. S’il est difficile aujourd’hui de mesurer financièrement le phénomène, les enquêteurs occidentaux semblent finalement en mesure de cerner le cheminement de cette escroquerie massive mais discrète.

Fuites par voies aérienne et terrestre

Selon les enquêteurs, l’évasion fiscale en direction de l’Asie ne repose pas sur les mécanismes de blanchiment de capitaux relevant d’une criminalité organisée classique ou visible. Elle s’organise au travers d’activités économiques d’apparence légale, mais, en réalité, elles sont systématiquement contrôlées par des membres du crime organisé chinois. Devant la sagacité des enquêteurs, les groupes criminels ont dû s’adapter. Ces dernières années, plusieurs affaires ont mis en lumière l’existence de sociétés commerciales déclarées, implantées sur les territoires étrangers, qui étaient destinées à favoriser ce transfert d’argent vers la Chine. En janvier 2014, par exemple, les autorités policières démantelaient en France l’une de ces structures, qui avait permis en quelques mois le transfert de 1,2 million d’euros vers la Chine. D’autres n’hésitent pas à garnir leurs valises d’argent dont la provenance est douteuse, avant de gagner la Chine par des vols commerciaux. Il arrive également que certains flux empruntent les axes routiers France-Italie et Espagne-France-Europe de l’Est (République tchèque et Hongrie), avant de gagner la Chine.

Fausses identités

Suivant le modus operandi observé en France, la grande majorité de ces transferts était effectuée par le biais de prête-noms au sein d’antennes d’envoi d’argent, permettant le transit des fonds par tranche de 2 000 euros afin de ne pas attirer les soupçons. Lors des perquisitions, les policiers transalpins vont saisir 80 millions d’euros de biens (181 immeubles, 300 comptes bancaires et plus de 150 automobiles de luxe), ainsi que 13 millions d’euros en petites coupures.

Mais d’autres pays du Vieux Continent sont également visés. En octobre 2013, les policiers espagnols ont démantelé un puissant réseau réparti sur l’ensemble du pays et procédé à l’arrestation de 80 personnes. D’après l’enquête – qui a conduit à la saisie de six millions d’euros en liquide et 120 voitures de luxe -, l’organisation aurait blanchi puis exporté entre 200 et 300 millions d’euros vers la Chine.

Face à  l’acharnement des enquêteurs occidentaux qui ont fini par cerner et appréhender la « grande évasion », les bandes criminelles chinoises ont jeté leurs filets sur le continent africain. Et c’est un secret pour personne : sur ce continent, la plupart des enquêtes financières- lorsqu’elles sont lancées -n’aboutissent jamais.

Notis©2014

Sources : Sirasco