L’album est à cheval entre la pure tradition jazz et des exercices plus progressifs dans la lignée des arrangements de Sun Ra et That Jones et Gil Evans.
Avec un style autoritaire et authentiquement soul, qui évoque le talent artistique en chair et en os de chanteuses, tels que Betty Carter et Dee Dee Bridgewater, Jazzmeia Horn s’enfonce facilement dans une mélodie vocale sombre, avant de s’envole vers le ciel, comme dans son interprétation éblouissante du standard « He’s My Guy ». Elle propose également ici plusieurs de ses propres compositions originales, dont le langoureux « Let Us (Take Our Time) » et le puissant « Strive (To Be) » d’influence afro-cubaine. Il est introduit par une percussion taillée sur mesure et se déploie avec une grandeur épique dans l’arrangement de cor, une intonation modale et suffisamment de foire expérimentale pour plaire aux avant-gardistes. De fait, « Strive (To Be) » détaille la vision du monde holistique et socialement conscientisé de Jazzmeia Horn qui aborde des problèmes aussi grisants que le changement climatique, l’incarcération de masse et la nécessité pour les gens de se libérer des effets de mode qui enserre le monde.
Une autre touche avant-gardiste de la chanteuse est illustrée par des titres, tels que « I Feel You Near », propulsé par un rythme afro, à la « caravane » et coloré avec les lignes de baryton de Jason Marshall; « Nia », une incursion de jazz modal à résonance émotionnelle met en évidence un superbe travail vocal et un éblouissant solo du saxophoniste Williamson.