Le prix Nobel d’économie 2014 a été attribué à Jean Tirole, co-fondateur de l’Institut d’économie industrielle de Toulouse (France), berceau de ce qu’on appelle aujourd’hui «école de Toulouse» en économie. Il est primé pour son «analyse de la puissance du marché et de la régulation», qui donne des idées novatrices sur la façon dont il faut réglementer les activités des compagnies qui dominent le monde.
C’est la première fois, depuis 1999, que le prix Nobel de l’économie n’est pas attribué à un Américains et n’est pas partagé entre plusieurs économistes.
Né à Troyes, d’un père médecin et d’une mère enseignante en lettres, Tirole s’est dirigé d’abord vers les mathématiques, intégrant l’École Polytechnique. Il découvrit l’économie sur le tard, à 21 ans. Ingénieur des Ponts et chaussées, il ajouta une autre corde à son arc en optant pour un doctorat d’économie aux États-Unis, au Massachusetts Institute of Technology (MIT). De retour à Toulouse en 1991, et y est l’un des fondateurs de l’Institut d’économie industrielle, qui sera le berceau de ce qu’on appelle aujourd’hui «école de Toulouse» en économie. Il a été médaille d’or du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) en 2007. Seul un économiste l’avait été avant lui, Maurice Allais.
Jean Tirole a passé ces 30 dernières années à étudier comment un petit nombre de grandes entreprises peut dominer les marchés et les dommages qui en résulte. Il propose aussi des pistes aux gouvernements pour répondre à cette omnipotence monopolistique.
Selon Monsieur Tirole, la meilleure régulation doit être adaptée aux conditions de chaque industrie, tels que les télécommunications et la banque, plutôt qu’une approche globalisante. Les solutions traditionnelles, comme le plafonnement des prix ou l’interdiction de toute coopération ou entente auraient des conséquences bien plus graves. «Coopération en matière de fixation des prix dans un marché est généralement nuisible, mais une coopération en matière de brevets, par exemple, est bénéfique pour tous. De même, la fusion d’une entreprise et son fournisseur peut encourager l’innovation, mais peut aussi fausser la concurrence», a commenté le comité du Nobel.
La fondation Thomson Reuters avait déjà désigné Jean Tirole comme l’un des universitaires les plus influents de la planète dans une étude parue dans le premier trimestre 2014.
Tirole est co-auteur d’une étude parue en 2010 qui a fait sensation dans le monde des économistes de haute volée. Dans cette œuvre intitulée «Équilibrer les banques: les leçons de la crise financière », ses collègues, Mathias Dewatripont et lui proposent des changements dans la réglementation des banques et a exhortent une coordination internationale plus étroite dans le traitement des banques qui sont dans des difficultés abyssales.
Le prix Sveriges Riksbank en sciences économiques, en la mémoire d’Alfred Nobel, est d’une valeur d’environ huit millions de couronnes (878.000 euros), est décerné par la banque centrale de Suède. L’an dernier, Robert Shiller, professeur dans la célèbre université de Yale (Usa) a reçu ledit prix pour avoir prédit les bulles immobilières, notamment. Il a partagé ce prix avec deux professeurs de l’Université de Chicago (Usa) récompensés pour leurs travaux sur l’évaluation des actifs financiers.
La seule femme à avoir remporté le prix Nobel d’économie reste Madame Elinor Ostrom, de l’Université de l’Indiana (Usa) qui a partagé le prix en 2009 pour ses travaux sur la gestion communautaire des ressources locales.
Notis©2014