Tout discours, qui plus est politique, n’échappe pas au mouvement généralisé du soupçon. Cette suspicion bloque nombre d’orateurs, aussi bien occasionnels que professionnels.
On est bien certain qu’un discours électoral n’est qu’un tissu de promesses destinées à être oubliées aussitôt que proférées. On n’en commente pas moins chaque ligne, chaque inflexion – les médias en raffolent et tombent dans le panneau avec un enthousiasme jamais démenti – comme si le sort du monde en dépendait.
Un discours est souvent un exposé, et cet aspect n’est pas le plus propice à la rhétorique et aux effets de manche. On prendra simplement quelques précautions de bon sens.
Il est très courant que l’orateur qui ne veut pas désespérer son auditoire annonce qu’il sera bref, et c’est très bien ainsi. L’ennui, c’est qu’il faut alors l’être réellement, au risque de lasser son auditoire d’autant plus gravement qu’on lui avait promis une rapide délivrance.
Annoncer la brièveté, c’est s’obliger à une relative concision, à des allusions, à des esquisses, etc. Quiconque s’annonce bref et se jette à corps perdu dans des « discours copieux à rebuter un sourdingue » se discrédite immanquablement.
La première loi sur la parole stipule que quiconque disposant d’un microphone et disposant de suffisamment de temps créera une gaffe mettant fin à une carrière, alors pourquoi faire de l’obstruction, à moins d’y être absolument obligé? Microphone + bouche traduit l’inévitable gaffe. Ou, dans le meilleur des cas, une promenade sans but sur un terrain glissant.