Déconnectée de l’élite marocaine, la musique du Gnawa se déploie allègrement au sein des communautés majoritairement peuplées  d’Africains Noirs. Les chants et danses font constamment référence aux déplacements de masse et la misère engendrés par l’esclavage.

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Loin d’être seulement un ensemble de chants et une série de rythmes, Gnawa est une musique qui, selon l’expression de l’universitaire et chercheur, Fouzia Baddouri, « nous ramène à un passé lointain où les pauvres esclaves noirs ont chanté leur misère et soucis quotidiens ».

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Comme l’écrit Okot p’Bitek dans son livre, le Cantique des Ocol & Chanson de Lawino, « les chants et les danses primitives africaines ne sont pas seulement un divertissement. Ils établissent également des liens entre les membres de la communauté, à la fois entre ceux qui sont vivants et ceux qui sont morts ».

Les similitudes entre le Gnawa, le jazz et le blues sont donc claires. Avec les Afro-Américains la musique Gnawa partage un élément douloureux de l’histoire de l’Afrique: l’esclavage.

Grâce à chacune de ces formes d’expression, les Nègres essaient de retrouver leur identité et leurs racines africaines. En jouant avec les  musiciens de Gnawa, les Afro-Américains cherchent sans doute à établir un lien historique et culturel avec les ancêtres.

La reconnaissance universelle

Le Gnawa est devenu si populaire qu’il a incité le gouvernement marocain à organiser un festival annuel dans la ville côtière du sud d’Essaouira, conférant ainsi à une musique originellement confinée à la marge, le statut de patrimoine culturel national.