Croire que la seule qualité du travail suffit à assurer une perspective de carrière satisfaisante est un leurre. Cela serait possible si les décideurs – la hiérarchie – étaient des êtres parfaitement rationnels. Mais ils sont humains. C’est que votre manière de communiquer sur la qualité de votre travail est au moins aussi importante que le travail lui-même. Il y aurait un vrai gaspillage à effectuer des taches avec succès sans que ce soit su, vu et noté. La communication doit être optimisée, aussi bien en termes d’efficacité que de destinataire : le bon message aux bonnes personnes.
1. VENDEZ-VOUS
Se vendre, assurer sa propre promotion, n’est plus maintenant l’apanage des célébrités. Tout le monde est sollicite et doit d’une façon ou d’une autre assurer ses relations publiques, a plus forte raison dans le monde de l’entreprise, où on ne peut pas compter sur la lucidité ou la bienveillance de ses collaborateurs, de ses témoins. C’est donc plus qu’une erreur de croire que votre qualité personnelle va être reconnue par elle-même, sans que vous ayez besoin de la mettre en valeur, c’est aussi une forme de prétention. Un égocentrisme qui nie tout ce que vous pouvez transmettre a l’autre et vous enferme dans une autarcie orgueilleuse.
Affirmer votre valeur, vos qualités, est une forme de présence au monde et de don à l’autre. Cette démarche va vous inciter à deux choses : d’abord à faire preuve de prudence, d’une certaine retenue, de réflexion avant l’action, ensuite à mesurer l’importance relative de l’action et de la communication. Voyons les choses en face : l’action sans communication n’a pas de valeur. Par contre, la communication sans beaucoup d’action est une voie possible. Car, on l’a dit, tout peut s’apprêter. Alors, bâtissez-vous comme un individu prometteur, riche en potentialités, appelé à l’évolution. Tout ce qui affiche votre maitrise du tableau entier est bénéfique à votre avancement et vous donne une longueur d’avance.
Adoptez les règles de marketing : considérez-vous comme une marque, et défendez-vous, rendez-vous comme tel. Mais, ne le faites bien entendu pas de façon trop ostensible. Ne paradez pas. Vous prenez le risque, si votre désir devient visible, d’altérer la puissance de votre action. Dans l’idéal, vos interlocuteurs feront l’amalgame entre vous, produit promotionnel, et votre caractère, votre nature. Ne craignez pas forcement l’excès, évitez simplement l’aveu, car, au fond, tout le monde sait ce que vous faites, ou du moins tout le monde s’en doute.
En résume, pour régner, tout ce qui importe est de paraitre. D’aucuns essaieront de vous convaincre qu’on ne réussit durablement que par la vertu et la vérité. Ceux-là, de toute évidence ne règnent pas, et pèchent par angélisme. Ceux qui prônent une élévation par le mérite réel manifestent toujours une pensée utopique. Mais, le paraitre étant tout, défendez vous aussi la chimère du mérite, car elle satisfait et rassure votre auditoire.
2. COURTISEZ
Vous vendre ne signifie pas seulement afficher vos qualités. Vous devez également provoquer une sympathie et une confiance suffisantes de la part de vos supérieurs, pour qu’ils considèrent la possibilité, ou qu’ils ressentent le désir, de vous promouvoir. Sur ce point, vous pouvez apprendre beaucoup de l’activité des courtisans. Etymologiquement, ce terme désigne des personnes qui résident à la cour des souverains. L’objectif du courtisan est de plaire, de flatter, d’obtenir les faveurs du monarque en attirant par tous les moyens sa sympathie. Votre recherche est identique, avec cette nuance que la possibilité de prendre la place du souverain vous est techniquement ouverte.
Qu’importe les moyens que vous mettez en place pour vous élever. La réussite établira son propre jugement. La finalité est le seul juge. La noblesse porte en elle-même l’absolution, l’oubli de tous les moyens dépenses pour l’atteindre. L’évolution sociale est un puissant amnésique.
3. PRENEZ LA PLACE DE VOTRE SUPERIEUR
Gravir les échelons hiérarchiques signifie bien souvent remplacer des personnes a des postes existants. Lorsque votre prédécesseur vous cède la place en profitant lui-même d’une promotion, tout est facile. Mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois, vous devez la conquérir. Cela se joue en plusieurs temps. Lorsque vous êtes encore son subordonné, mesurez vos marges de manœuvre. Une attaque frontale ne sera jamais une solution, à moins d’avoir le solide soutien de personnes plus élevées dans la hiérarchie, configuration très rare. Même dans ce cas, la prudence est de rigueur. La plupart du temps, vous n’avez d’autre choix que de vous montrer solidaire et discipliné. Adaptez-vous au style de votre manager, ne vous mettez pas en danger et ne vous faites pas reconnaitre comme une menace, vous y joueriez votre place et votre crédibilité. Même si votre supérieur n’a pas la latitude de se débarrasser de vous, il est certainement au moins en position de vous créer des ennuis.
Vous devez mettre en place deux types de relations bien distincts : avec vos supérieurs influents  ceux qui ont la capacité de vous promouvoir –, appliquez les principes du courtisan. Soumettez-vous. Ne vous embarrassez pas de fierté personnelle. Ne lésinez pas sur les signes d’admiration, cherchez leur amitié, leur respect. Côtoyez-les autant que possible. Ne vous cantonnez pas au lieu de travail. Insérez-vous dans leur intimité. Par exemple invitez-les à diner ou en week-end, mettez votre épouse ou époux à contribution. Prévoyez des occasions de détente ou vous pourrez, une fois leur garde baissée, faire passer vos idées ou les convaincre de vos qualités.
Par contre, avec vos concurrents, rien de tout ne cela. Soyez irréprochable, mais sans aucune familiarité. Ne critiquez pas ouvertement leur travail, gagnez de l’altitude, englobez ce que disent vos adversaires. Montrez que vous les encouragez tout en faisant passer l’idée que vous êtes capable de faire mieux, que vous comprenez les tenants et aboutissants de leurs réalisations aussi bien qu’eux, mais que vous maitrisez la globalité. Votre perspective doit être la plus large possible. Tout cela bien sur en feignant l’humilité.
4. TRAITER SES CONCURRENTS COMME DES PARANOIAQUES
Si pour le poste que vous convoitez il existe un ou plusieurs prétendants, voici quelques conseils utiles :
– communiquez de la façon la moins équivoque possible, afin de ne pas laisser prise aux soupçons ;
– respectez scrupuleusement les formes. Soyez toujours poli sans être obséquieux ;
– maintenez un contact régulier. Un évitement répète provoquera de l’hostilité ;
– laissez des petites victoires bien choisies ;
– cherchez des alliances ailleurs ;
– ne vous mettez pas en faute.
Tout votre travail devra être oriente vers l’affirmation de votre propre qualité, et la mise en évidence, auprès de vos supérieurs influents, des failles de vos supérieurs ou concurrents. Cherchez le plus d’informations possible, traquez leurs échecs, leurs secrets. Si vous en découvrez, ne vous précipitez pas, attendez le bon moment. Si l’information peut être révélée au grand jour par d’autres sources que vous, c’est encore mieux.
En conclusion, tout en maintenant avec vos concurrents les meilleures relations de façade, liez toutes les alliances possibles avec les personnes qui peuvent soit vous favoriser, soit vous permettre de découvrir, de provoquer ou de mettre au jour les failles de vos adversaires. En suivant ces conseils, vous développerez votre habilite politique, et vous pourrez ainsi prendre la place qui vous est due. Lorsque cela sera fait, il vous incombera, tout comme il incombait a vos anciens concurrents, de la conserver.
Notis©2014