L’hypothèse de l’épidémiologiste, Jacques Pepin, est que l’un des soldats a été infecté en chassant dans la forêt. “Un chimpanzé a été tué et en coupant l’animal pour le ramener, il y a eu une blessure qui a été infectée par le virus. Le soldat, après la guerre, est revenue jusqu’à Léopoldville et a probablement mis en marche le tout premier train de transmission à Léopoldville même”.
Le professeur Pepin pense qu’une fois que le virus a pris pied dans la population humaine, il s’est d’abord propagé lentement, confiné à ce qui était alors la capitale de la colonie belge. Il estime que ce seul cas de transmission zoonotique en 1916 a conduit à environ 500 personnes infectées au début des années 1950. “La propagation du VIH à ce stade était principalement due à la réutilisation des aiguilles sales dans les hôpitaux, résultat de pénuries de ressources et de capacités de désinfection limitées”.
En 1960, le Congo a coupé les chaînes du colonialisme européen, déclenchant un afflux de réfugiés et de migrants dans la ville. La population de Léopoldville était d’environ 14 000 habitants au début du XXe siècle et aujourd’hui Kinshasa, nom donné à Léopoldville en 1966, compte 14 millions d’habitants, soit 1 000 fois en un siècle. La ville nouvellement nommée s’est révélée être le terreau idéal pour le VIH car elle a créé une fracture sexuelle inégale, avec dix hommes vivant là pour chaque femme.
Cela a conduit à la pauvreté et à la prostitution répandue, ce qui a aidé le virus sexuellement transmissible à se propager parmi la population de la ville.