Le célèbre ingénieur du son, Rudy Van Gelder, le propriétaire du studio où s’est déroulé l’enregistrement, a souligné la dimension religieuse du lieu comme de l’album: «Quand j’étais en train de construire ce nouveau studio, le voisinage n’avait aucune idée de quel type de structure il s’agissait. Au bout d’un moment, tout le monde s’est imaginé qu’il s’agissait d’une église. […] Son apparence et son atmosphère étaient ceux d’une église. Rétrospectivement, quand je me rends compte de la direction que prenait sa musique, je réalise qu’elle avait un aspect sacré qui collait parfaitement avec l’atmosphère du nouveau studio.»
«Allah Supreme»
Cette dimension religieuse est d’ailleurs au cœur d’une chronique publiée sur al-Jazeera par l’universitaire Hisham Aidi sous le titre «Coltrane disait-il « Allah Supreme »?»: «L’analyse habituelle est que, en 1964, Coltrane s’était éloigné de son éducation méthodiste pour adopter une vision « pan-religieuse » marquée par un intérêt particulier pour le mysticisme oriental.»
Le saxophoniste Yusef Lateef (19 octobre 1920 – 23 décembre 2013), musulman pratiquant tout comme la dernière épouse de Coltrane, a noté que la prière écrite pour Psalm, le dernier mouvement du recueillement, se rapproche de « al-Fatiha », la sourate d’ouverture du Coran.
D’autres observateurs ont pointé que le mantra «A Love Supreme», récité dans le premier mouvement, « Acknowledgement », pouvait s’entendre comme «Allah Supreme».
Renaissance
L’écho du saxophone de « A Love Supreme » ne cesse de se faire entendre aujourd’hui, chez les musiciens comme chez les mélomanes: «Je connais des gens qui ont conçu leurs enfants au son de « A Love Supreme ». Je connais des gens qui ont écrit leur thèse de doctorat au son de « A Love Supreme ». Je connais des gens qui marquent les étapes les plus importantes de leur vie au son de « A Love Supreme», a expliqué le professeur et jazzman pratiquant, Leonard Brown.